Jean JOULIN ancien codirecteur du théatre Maxime Gorki nous a quittés.

Jean Joulin, ancien codirecteur du Théâtre Maxime Gorki, à Petit-Quevilly est décédé le 21 février dernier au centre hospitalier du Bois – Petit à Sotteville lès Rouen..
Né le 9 avril 1932 à Sotteville-lès-Rouen. Son père Jean Joulin était au sortir de la guerre, après cinq années de captivité, surveillant en Maison d’arrêt puis monteur en chauffage central, sa mère Hélène GOMOND était confectionneuse, puis employée SNCF.
En 1947, au sortir de l’école primaire, Jean Joulin entre à l’École d’ Apprentissage de la SNCF à Sotteville-lès-Rouen- Quatre-Mares. Après trois années d’études, nanti d’un CAP d’ajusteur-électricien il entre aux ateliers SNCF de Sotteville Buddicum.
En 1950, à l’occasion de la 3 ème année d’apprentissage, les élèves de l’École d’apprentissage avaient pour mission d’animer la distribution des prix de fin d’année. Le professeur de Français proposa alors à Jean Joulin de jouer un extrait de « Cyrano de Bergerac ».
Un ami de longue date Didier qui avait vu le spectacle, en parla alors à Jean Verdure, qui maître-ouvrier travaillait lui aussi à Buddicum. Grand connaisseur du théâtre et poète, il rencontra alors Jean Joulin. Une véritable amitié devait naître de cette rencontre.
Jean Verdure lui conseilla de tenter le concours du Conservatoire d’Art Dramatique de Rouen. Après un travail de répétitions qu’il effectuait après son temps de travail à la SNCF, il tenta le concours en présentant une tirade du « Cid » de Corneille. Il y fut admis et après trois années de cours, fut reçu 1er prix de Comédie Classique. Poursuivant sa carrière de cheminot, en parallèle, il commençait à pratiquer le théâtre avec ses camarades du Conservatoire. Il fit partie des « Comédiens de Bellegarde », la presse s’en faisant l’écho, la situation devint ambiguë vis-à-vis de la SNCF.
Il participa alors à de nombreuses créations théâtrales tant en comédie classique que moderne:
En 1967, la Mairie de Petit-Quevilly, dans la banlieue de Rouen, dirigée par Henri Levillain, maire communiste, décida de racheter un cinéma de quartier, voué à la destruction pour en faire un lieu culturel. Avec un ami rencontré au Conservatoire, Daniel Lesur, il décidèrent de monter un projet, et de le proposer à la Mairie. Le projet fut retenu et ainsi naquit le « Théâtre MAXIME GORKI » qui obtint le label « Scène Nationale », Jean Joulin en assurait la codirection avec Daniel Lesur.
Dans l’histoire du théâtre de la région rouennaise, le Théâtre Maxime Gorki a joué un rôle essentiel. Né en 1969, il est le premier outil original, persuasif, perceptible, percutant dans un environnement culturel clairsemé. Les compagnies isolées, peu nombreuses ne pouvaient assurer la pérennité, ni la constance d’un théâtre cohérent. Dès 1969, le théâtre joue en intermittence, il faudra le Festival culturel de Saint-Etienne-du-Rouvray, commune voisine de Petit-Quevilly, voulu par Jean Verdure, poète, et adjoint au maire de Saint-Etienne-du-Rouvray pour avec le Théâtre Maxime Gorki offrir de grands moments de théâtre et de musique. Le Centre Culturel Municipal de Petit-Quevilly est devenu le foyer, le point de rencontres et d’échanges qui permet dès lors la promotion des compagnies régionales. Elles n’y feront souvent que des haltes, mais y puisaient la force d’aller plus loin. Elles y devenaient crédibles ; elles y gagnaient la possibilité de se consolider, d’y affirmer leur identité. Le Théâtre Gorki a été un accoucheur de compagnies qui ont pu, par la suite, vivre plus ou moins facilement, leur propre existence, établir un rapport nouveau, ouvert, cordial, avec les publics, tous les publics. Le Théâtre Maxime Gorki a été un lieu d’accueil et de création, qui ouvrit des voies dans l’art dramatique, dans le domaine musical, chorégraphique et la chanson. Il fut un témoin de la vie sociale comme en témoignent les recherches sur les affrontements sociaux à Elbeuf, avec les « Chroniques elbeuviennes » de Pierre Largesse (mise en scène d’Alain Van der Malière, musique de Max Pinchard), ou les soubresauts tragiques de la Révolution française dans les milieux rouennais, avec « L’affaire Bordier-Jourdain » de Dominique Flau.
En 1992, le changement d’orientation culturelle de la nouvelle municipalité amena Jean Joulin à quitter ce lieu, devenu en 2002 le « Théâtre de la Foudre ». Il poursuivit alors son activité théâtrale dans la nouvelle structure « Mélodie Théâtre », avec laquelle il fera une tournée dans « La Noce des Petits Bourgeois « de Berthold Brecht.
Atteint d’une maladie neuromusculaire, Jean Joulin dut cesser son activité théâtrale. Non sans avoir encore participé à de nombreuses initiatives dont une participation active aux conférences théâtralisées « Pour saluer Jaurès » organisées par notre Institut CGT d’histoire sociale à l’initiative de Pierre Largesse en 2010 et 2011.
Adhérent au Syndicat CGT du Spectacle, il reçut en 1989, dans le cadre de la promotion du Bicentenaire de la Révolution Française l’Insigne de Chevalier des Arts & Lettres.
Marié à Jeanine HENRY le 26 juin 1956, celle-ci fut tour à tour piqueuse en chaussures, vendeuse en confection, puis participa à la vie du théâtre Maxime Gorki en étant hôtesse d’accueil au Centre Culturel.
Compagnon de route d’Allain Leprest et Roger Balavoine , Jean Joulin fit, avec Michèle Salen, Daniel Lesur et Claudine Lambert plusieurs prestations remarquées dans la conférence proposée par Pierre Largesse, pour notre Institut Cgt d’Histoire Sociale en 2010 et 2011 : « Pour saluer Jaurès »
Jean Joulin est décédé le 21 février 2016, il aurait eu bientôt 84 ans.