![Le Souffle d’octobre 1917[1]](https://ihscgt76-lefilrouge.fr/wp-content/uploads/2017/08/Le-Souffle-doctobre-couverture-980x1381.jpg)
Qui étaient ceux qui ont cru à cette révolution d’Octobre 1917 qui allait bouleverser le cours du XXème siècle ? Alors que la Première Guerre mondiale signe, par les dizaines de millions de victimes qu’elle génère, l’échec d’un vieux monde, un nouveau pouvoir se réclamant du peuple et de la classe ouvrière se met en place en Russie. L’événement ébranle le mouvement socialiste, les courants anarchistes, le syndicalisme, le monde intellectuel. Chacun doit prendre parti.
En France, une majorité de la Section française de l’Internationale ouvrière prend fait et cause pour le communisme, la CGT se scinde.
On connaît bien les débats auxquels donnèrent lieu ces partitions, on connaît peu en revanche les motivations personnelles de ceux qui épousèrent la cause de cette révolution inédite. Provenaient-ils tous des mêmes sphères idéologiques ? Pourquoi un paysan, un métallurgiste, une ouvrière illettrée, un anarchiste, un catholique, une juive, un « indigène » algérien, un philosophe, un écrivain se retrouvent-ils tous, à un moment de leur vie, séduits par la nouvelle espérance née d’Octobre 17 ?
En retraçant leurs itinéraires, grâce à leurs autobiographies, exercice obligé au sein du Parti communiste, Bernard Pudal et Claude Pennetier, co-auteurs du Siècle des communismes (Atelier, 2000), mettent en évidence les motivations multiples d’hommes et de femmes qui ont décidé de vouer leur existence au Parti de la Révolution d’Octobre. On découvre ainsi, au fil des autobiographies, la diversité des ressorts sociaux et intimes de ces adhésions, leur étonnante singularité en même temps que le poids de la discipline que leur impose un système politique inédit. Le récit et l’analyse fouillée de ces trajectoires communistes provenant des horizons sociaux et idéologiques les plus divers permet de jeter un regard nouveau sur ce que fut le système communiste. Non pas seulement un système essentiellement motivé par l’élimination physique des ennemis de classe ni une simple illusion, mais une « socio-biocratie » : un système reposant sur le pouvoir d’une élite issue du peuple.
Au cours des années 1930, le PCF passe de 30 000 à 300 000 adhérents. Bernard PUDAL, historien et professeur de sciences politiques au CNRS et Claude PENNETIER , historien et directeur du Maitron vont étudié cette période de manière rigoureuse.
Dans une interview qu’il a accordé à l’Humanité Dimanche en mars 2017, Bernard Pudal souligne que : « on ne peut réduire l’engagement à une illusion ou à des croyances aveugles : rappelons que , dans leur horizon, il y a deux guerres mondiales, la guerre d’Espagne, la crise de 1929, la montée des fascismes- et une époque où les protections sociales n’existent pas-, beaucoup de raisons de s’engager…Une période terrible qui ne pouvait que susciter des questions…Et il y a leur conviction qu’ils ont été abusés, soit par les puissances d’argent, soit par le Parti socialiste, qui a « failli » en se ralliant à l’ Union sacrée : ils sont à la recherche de solutions. Face à la crise des sociétés impériales et capitalistes, « Octobre 1917 », tels qu’ils l’interprètent- les conditions d’une véritable compréhension n’étant pas alors réunis-, peut apparaitre comme une solution modératrice, un véritable espoir ».
Nous sommes loin de « l’illusion du communisme » développé par François Furet en 1995, ou à la machine criminogène développée dans « le livre noir du communisme » de Stéphane Courtois en 1997.
Le livre interroge plus qu’il ne trouve réponse à tout.
Un livre à lire par toutes celles et ceux qui sont intéressés par l’histoire du XX ème siècle.
[1] LE SOUFFLE D’OCTOBRE 1917- L’ENGAGEMENT DES COMMUNISTES FRANÇAIS – De Bernard PUDAL et Claude PENNETIER. Editions de l’ ATELIER, 2017 384 pages , 25 €