Un livre sur 50 ans de culture et démocratie au Havre(1)

En 2012, la Maison de la culture du Havre fêtait ces 50 ans et à cette occasion organisait un colloque[2]. Ce livre fait suite à ce colloque, et à la parution d’un recueil de photographies de spectacles, « 50 ans de création, 50 ans d’émotions », également porté par l’association « Maison de la Culture du Havre » auquel nous sommes nombreux dans le département à avoir adhéré un moment de notre vie.

Ce n’est donc pas sans une certaine émotion que nous avons découvert ces pages d’histoire, dans lesquels bon nombre d’entre nous y ont joué, quelquefois un rôle modeste, mais avec la fougue de la lutte syndicale pour le droit à la culture pour tous et qui dépassent très largement les frontières havraises.

Ce livre se découpe en quatre parties, la première est relative à l’Histoire : La première expérience de démocratisation et de décentralisation. La seconde est consacrée à : Mémoire des acteurs et des actrices, jalons pour l’histoire culturelle. La troisième partie étant consacrée aux perspectives, une culture partagé ? Et enfin un quatrième composé d’écrits et paroles dans laquelle nous retrouvons :   notre regretté camarade Albert Perrot, qui vient de nous quitter, et Raymond Charpiot parti auparavant, de notre camarade Maryse Ricouard, d’Alain Milianti, Claudine Lelièvre, Marc Netter et de Yoland Simon, notamment.

On ne s’étonnera pas si j’écris que j’ai beaucoup apprécier ce livre.

Notre amie Marie Paul Dhaille-Hervieu y apporte son éclairage d’historienne dans un chapitre qui présente la deuxième partie. On y retrouve aussi le témoignage de celles et ceux qui firent partie de l’aventure : Ginette Dislaire, Vincent Pinel, Christian Zarifian, qui firent tant pour mettre le cinéma à la portée de tous les publics. Georges Rosevegue qui succéda en 1975 à Bernard Mounier directeurs, et qui nous donnèrent tant envie de « culture » notamment pendant les grèves de 1968, ou près de 250 représentations eurent lieu dans les usines en grève. C’est grâce à eux, notamment, à leur enthousiasme que dans les comités d’entreprise, dans les syndicats nous participâmes à ces collectes de milliers de signatures de pétition de 1973 à 1980, qui furent remises au ministre de la culture, exigeant la construction de la Maison de la Culture du Havre, qui ne s’appelait pas encore « Le Volcan ». Ce ne fut pas simple, un des acteurs de la vie publique ( dans l’opposition municipale de l’époque) , qui deviendra Maire en 1995 écrivant dans son journal de campagne : « Les Havrais n’ont pas besoin d’une Maison de la culture, mais ce qu’il veulent, c’est un casino et un jardin public » (voir p124 dans la contribution de Georges Rosevegue)  Comme beaucoup, membre de l’association MCH, nous menions des combats, des réflexions, avec cette utopie rappeler par Raymond Charpiot (p221 & 222) de la culture pour le plus grand nombre.

Ce livre sort au moment où le seul Président de maison de la culture de France qui était ouvrier: notre Camarade Albert Perrot qui fit tant pour ouvrir le champ culturel aux salariés, aux travailleurs, ouvriers ou techniciens, nous quitte. Une page c’est tournée, comme le souligne Maryse Ricouard (p 205) nous sommes désormais au Havre dans l’évènementiel. La casse industrielle a aussi créé les conditions pour que les comités d’entreprise disparaissent laissant la place à de petites entreprise, sans comité d’entreprise ni syndicat, du coup, les salariés sont de plus en plus consommateurs, qu’acteurs de la vie culturel.

 Mais ce livre est loin d’être nostalgique. Il traduit ce que fut cette belle aventure. Merci donc aux auteur(e)s et coordinateurs (trices) de cet ouvrage : Sylvie Barot, Marie Paule Dhaille-Hervieu, le regretté Antoine Fiszlewicz, Pascale Le Brouster, Serge Reneau , Pierre Riou  et Isabelle Royer sans qui cette mémoire aurait disparue.

Ce livre restera un marqueur de notre vie culturelle havraise.

Jacques DEFORTESCU

 

 

 

 

 



[1] « Culture et démocratie », 317 pages éditions presses universitaires de Rouen et du Havre-25 €

[2] Voir à ce sujet le n° 43 du « Fil rouge » du Printemps 2012, page 19, l’interview de notre camarade Albert PERROT, par Antoine FISZLEWICZ faite à cette occasion.