
La presse régionale publie dans son édition du 18 octobre un article élogieux sur l’initiative prise par notre IHS Cgt 76 de publier « LES DOCKS ASSASSINÉS, L’AFFAIRE JULES DURAND », ce roman graphique pour faire connaitre Jules DURAND, avec la complicité de Roger MARTIN, Lionel MAKOWSKI dit « MAKO », les éditions de l’ Atelier, et le syndicat des dockers du Havre. Nous reproduisons ci dessous cet article.
<< Il y a un boulevard à son nom dans la ville et nombreux sont les Havrais qui se sont passionnés pour son histoire. Celle de Jules Durand, syndicaliste charbonnier accusé à tort, en 1910, d’avoir prémédité l’assassinat d’un contremaître. Celle d’une machination contre le mouvement syndical émergeant.
Pourtant, si elle fut l’une des erreurs judiciaires les plus importantes du XXe siècle, celle qui a frappé Jules Durand reste encore méconnue du grand public. l’institut d’histoire sociale de Seine- Maritime a donc décidé d’aborder le volet de la lutte syndicale d’une façon tout à fait originale: par un roman graphique. Les Docks assassinés, l’affaire Jules Durand est sorti le 12 octobre partout en France.
Les illustrations, à grands traits noirs épurés, sont l’œuvre de Lionel Makowski, dit « Mako ». Tandis que le récit a été confié à Roger Martin, spécialiste du roman noir et historique. L’auteur qui connait bien Le Havre pour avoir écrit, en 1992, un livre sur les ACH, a pourtant hésité.
Un mystérieux commissaire
Car il existe déjà un livre, très complet historiquement sur cette affaire. Un nommé Durand d’Alain Scoff. Un classique. Roger Martin devait donc trouver une approche différente. » Ce qui m’a frappé lors de mes recherches, c’est ce commissaire de police, chef de la sûreté du Havre, qui fut l’un des artisans de l’innocence de Durand. Pourtant, il restait mystérieux.Son prénom n’est jamais écrit. Il n’est que le commissaire Henry » explique Roger Martin.
L’écrivain veut en savoir plus, mais les archives de la police lui sont interdites. Reste le Journal Officiel de la République. Dix ans de décisions et décrets à éplucher pour trouver la première nomination de ce commissaire Henry (qui n’était pas commissaire à cette époque, d’ailleurs).
» J’ai ensuite pu suivre toute sa carrière jusqu’à son départ en retraite en 1926. Année de la mort de Durand. Des coïncidences comme celle-ci, il y en a plein.le nom de jeune fille de son épouse est Durand, même s’il n’y a aucun lien de parenté avec le syndicaliste, poursuit l’auteur. Je savais sue je tenais quelque chose. »
Roger Martin trouve en effet intéressant de dérouler l’histoire non pas du point de vue des ouvriers ou des syndicats, mais de celui d’un « ennemi de classe ». Chef de la sûreté, dépendant du maire du Havre et des autorités préfectorales, le commissaire Henry aura pourtant été l’un des défenseurs de l’innocence du charbonnier.
Romancé mais fruit d’une recherche historique.
Les Docks assassinés, l’affaire Jules Durand est donc un roman, puisqu’écrit à la première personne. Les sentiments de ce commissaire aussi sont romancés. » Pour le reste , tout est vrai« , affirme l’écrivain. Les personnages, les faits, leur déroulé sont certifiés historiques. » John Barzman, professeur émérite à l’ université du Havre, a relu mon texte et l’a validé. Il est une vraie caution historique et scientifique », précise Roger Martin.
Ce dernier présentera son roman dans différents rendez-vous littéraires partout en France, tout comme Mako l’illustrateur. Car si les Havrais l’ont surnommée » l’affaire Dreyfus du Havre », celle de Durand a été un peu oubliée au fil des décennies.
À l’époque, cette injustice avait provoqué des grèves nationales et même internationales. De grands noms ont signé la pétition réclamant la réhabilitation de Jules Durand. Parmi ces signataires: Anatole France et …Alfred Dreyfus.>>
MARIE-ANGE MARAINE
Les docks assassinés, l’ Affaire Durand, aux éditions de l’ Atelier, 16 € en librairie.
(photo ©Luc Bourlé)